mercredi 28 septembre 2011

Écart fatal

Avant-dernière donne de la soirée. Le 1SA limite, le contrat le plus demandeur aussi bien en attaque qu'en défense.
Donne 10
Dlr: E
Vul: All
A104
D842
DV1054
R
V2
AV10
AR7
109432
R986
963
863
D76
D753
R75
92
AV85
 E    S    W    N
 -    -   1T    X
1P    -   1SA

Les enchères sont très ouvertes, et de nombreuses variantes sont possibles. On peut préférer annoncer 1K au lieu de contrer, on peut passer en E, annoncer 1SA en S (ou contrer punitif à la fin, ce qui rabat EW sur 2T). Ces nombreuses possibilités se reflètent dans  la diversité des résultats. Il n'y en a pas deux égaux: 3P S (-2), 1P S (=), 2K N (=), 1SA W (-1), 1SA S(+1), 2SA S(=), 1SA E (-3).
Mais revenons à notre table.
Entame classique de la D de K, mon partenaire joue le 9 et le déclarant prend de l'as.
Il joue petit T pour mon R, je reviens du V de K qu'W laisse filer. Je poursuis donc du 10 pour affranchir mes deux derniers K et lancer un appel de préférence pour P. S écarte un T. Le déclarant revient T, constate le mauvais partage et S surprend la D de l'as. J'en ai profité pour écarter le 10 de P, qui est un appel pique dans notre système (je vous en parlerai peut-être une autre fois d'ailleurs, il vaut le coup).
Mon partenaire réfléchit et revient du 2 de C pour le V d'W et ma dame. Je tire mes deux K, nous avons donc 6 plis. 
Longue réflexion. Le retour du 2 de C de mon partenaire alors qu'il connaissait ma préférence pique montre clairement un honneur. Si c'est l'as, je dois revenir C. Si c'est le roi, est-il accompagné du 10? J'ai préféré ne pas prendre le risque et tirer mon as de pique pour la chute. Je suis revenu pique dans la foulée, et là le déclarant a vu la D de sud s'écraser sur le R du mort. Et moi j'ai réalisé que mon écart du 10 de P avait bonifié le 9 du déclarant, qui a fini par l'impasse coeur pour 6 plis inespérés.
On vous apprend de ne pas faire deux fois le même appel. On vous serine aussi de n'utiliser les 10 et les 9 pour des appels qu'avec beaucoup de précautions. Vous voyez pourquoi maintenant?

mercredi 21 septembre 2011

Le démon de la distribution

Vous l'avez constaté depuis un an que ce blog existe (eh oui déjà), ce n'est pas toujours ni même pas souvent la donne la plus spectaculaire qui est présentée.
Donne 26
Dlr: E
Vul: All
105432
-
AR976
A92
D
RV9742
-
RDV1065
AR986
D1085
D84
3
V7
A63
V10532
874
Pourtant je me suis laissé éblouir par la donne 26 d'hier soir. Et les enchères montrent que mon adversaire en ouest aussi.
E    S    W    N
1P   -   2C    -
3C   -   4T    -

4C   -   6C    X
Le début des enchères est pourtant parfait. Le  3C est plus constructif que 4C et est bien adapté pour décrire la main d'E.
Le 4T est explicite, mais surtout le 4C met W sur du velours: il sait maintenant que E n'a ni l'as ni le roi de K et peut poser à l'aise la demande à 4SA. Tous les as d'E seront utiles, et il y a peu de points perdus à K. Avec un peu de chance, ça sent le grand chelem. Et puis le Blackwood amène la sévère déconvenue qu'ont connus de nombreux ouest: leur partenaire n'a qu'un as et il faut s'arrêter à 5. Ici, Jean s'est laissé éblouir par la distribution et a plongé à 6 directement.
Les paires EW qui ont fait le meilleur résultat sont celles qui se sont sagement arrêtées à 5C...et qui se sont fait aussi contrer par un N fougueux qui l'a regretté amèrement. 
Mais comme disait un grand champion de bridge (Bergen, je crois), "si tous les contrats que vous contrez chutent, vous ne contrez pas assez souvent".

jeudi 15 septembre 2011

Le grand jeu

Hier soir quelques chelems et plusieurs donnes intéressantes. En voici une
Donne 14
Dlr: E
Vul: Pers
DV87
AD106
A5
V87
9732
-
RD82
RD652
A106
9542
43
10943
R4
RV873
V10976
A
E    S    W    N
-   1C    X   XX(1)
1P  2K(2) -   4C(3)

(1) C'est correct ça, comme enchère? Sur le coup je n'ai pas trouvé mieux.
(2) Montre obligatoirement un 5-5
(3) Après avoir longuement réfléchi. Le chelem n'est pas loin. Mais je n'ai pas de singleton, et je trouve que j'ai trop de D V pour pas assez de A R.
Le jeu de la carte va comme suit.
Entame petit P pour le 10 et le R du déclarant. Mon partenaire part du R de C et découvre le mauvais partage. Là, je me dis que j'ai bien fait de ne pas entamer des enchères de chelem. 
Benoît réfléchit. Il compte sans doute les points. Vu le contre d'W et l'entame, l'as de P est en E et tous les points restants sont en W. Il sort alors le grand jeu. 
Petit K pour l'as, retour K obligatoirement pour W qui ne manque de revenir du R de T. Double coupe K-T pendant 5 plis. Charlotte en E la trouve de plus en plus mauvaise de na pas pouvoir surcouper le mort. A tel point que sur le dernier K, elle est obligée de...lâcher son as de P. 
En effet, nous sommes maintenant à 3 cartes de la fin. On a joué une fois P, une fois atout, 3 fois T et 5 fois K. Il ne reste à E que 3 atouts. Le déclarant, au mort avec sa dernière coupe K, revient gentiment de la D de P maître et remet E en main à l'atout. Il peut alors abattre son V8 d'atout derrière 95 pour un 4C+1 bien mérité. 
Bien joué Ben.
Je vous rappelle que tous les commentaires sont les bienvenus, il suffit de cliquer sur le lien 'commentaire' çi-dessous.

mercredi 7 septembre 2011

Pourquoi le 9 de pique?

Hier soir, la donne 28 se présentait comme suit.
Dlr: W
Vul: N-S
DV82
AV5
AD8
A82
A1074
R94
V1072
109
R953
873
965
V76
6
D1062
R43
RD543
Les enchères sont archi-classiques.
W    N    E    S
-   1K    -   1C
-   2SA   -   3SA

Il faut cependant noter que si N-S trouvent le fit T, par exemple sur l'ouverture d'1T suivi d'un soutien au niveau de 2T en mineure inversée, le chelem est imbattable. On fait 5 plis T, 3 K et 4C.
A 3SA le déclarant a fait 11 plis. A notre table comme aux autres. Mais le jeu de la carte a été comique. Sur l'entame P, la défense a fait A R et E est revenu du 9 de P à la troisième levée (je le sais, c'était moi). Pourquoi? Pour me débloquer dans l'espoir que mon partenaire avait 5 cartes.
Le problème, c'est qu'après ça il s'est senti obligé de garder son 10P pour éviter que N ne fasse son 8. Au fur et à mesure que N-S tirent tous leurs plis, sa position devient de plus en plus inconfortable et son R de C a fini par s'écraser sur l'as de N. Ici, évidemment, cela n'a rien donné. Mais dans d'autres circonstances ça peut être gênant.
La solution? Elle est simple. Au deuxième pli, il suffit d'avoir une convention pour indiquer la parité originale par la carte retournée. Nous utilisons la parité du résidu. Ce qui veut dire qu'en main à l'as de P, Benoît aurait dû revenir du 4 de P puisqu'il lui reste 3 cartes. 
Comment ça c'est ce qu'il a fait? Ah ben oui. C'est donc moi qui dormait.